La fortune des fous

«J’aurais pu commencer par dire n’importe quoi, toute volonté déployée ou par saccades automatiques, laissant à mon stylo le soin de faire tout le travail. J’aurais pu démarrer par Houbi Houla Garlash, Horsi pola Tlumb. J’aurais pu faire du roman, ou de la littérature. FAIRE quelque chose en somme. Je n’ai pas eu cette audace. Je me suis assis, j’ai attendu, en sautant, en courant, en dormant, en vivant, jusqu’à ce que le soleil éclate, jusqu’à ce que la nuit se brise. J’ai été soulevé comme un océan. Une force énorme m’a propulsé, m’a écrasé sur une rame de papier. Le choc a été terrible, les feuilles étaient souillées de pourpre, de la page un à l’infini. C’est ainsi que tout a
commencé, et pour le reste, mon Dieu, je ne sais plus, tout a été si vite, si bousculé, si…»
Jean Verame.