Le carnet à lucarnes

Si, comme on a pu le dire, Hamlet, Don Juan, Faust, incarnent les trois tentations de l’Occidental, pourquoi une Occidentale n’y succomberait-elle pas à son tour, sur le mode mineur, et sans jamais se prendre tout à fait au sérieux?
Adolescente, après avoir découvert que la femme de son premier patron le trompe, l’héroïne de ce livre s’efforcera, à défaut de châtiment infligé, du moins de terroriser l’infidèle, d’en éloigner autant que possible l’amant.
Plus tard, à quoi emploiera-t-elle, avant toute autre chose, les heures non dévolues à son travail, si ce n’est à la conquête des hommes, de l’homme?
Plus tard encore, elle signera, elle aussi, son petit pacte avec le diable. Elle accepte de subir l’opération de chirurgie esthétique qui, en principe, rendra à son visage, pour une période de quatre à cinq ans, la jeunesse perdue. Marché de dupe, d’ailleurs. Elle s’en avisera bien vite.
À l’arrière-plan se déroule la vie des quartiers de Paris, que successivement elle habite. Une concierge, un couple de coiffeurs, un chromeur des chemins de fer, un étudiant
en médecine, un conseiller municipal, tout ce peuple s’agite, gesticule, discute, se débat pour son existence et pour sa mort.
Et la paix ou la guerre, le malheur ou la joie, les réussites ou les désastres, accompagneront jusqu’à la fin, la destinée de Fabienne Forbe, une femme de notre temps.