La vie vite

Dix années durant, le narrateur-auteur a parcouru le monde, de Stockholm à Tokyo en passant par la Grèce et la Turquie, le Pakistan, les Indes, Ceylan... Mi-artiste, mi-beatnik, il voyage solitaire et sans un sou, mêlé aux petites gens, aux mendiants, à d'autres errants comme lui. Tout lui est bon, le stop, le train, le bateau mais souvent il va à pied, n'ayant pour toute ressource qu'un numéro de mime grâce auquel il gagne de temps en temps assez d'argent pour survivre.
Comme tous les vrais voyageurs, Lésoualc'h est parti pour partir et sa seule ambition c'est «restituer à l'homme son titre de vagabond». Sa phrase mobile, concise, saisit avec un bonheur constant le détail juste, l'humour d'une situation, l'acuité d'un dialogue, le plaisir d'une rencontre, d'un ciel, d'une couleur entrevus. Tout le texte est fait de ces «moments» intenses qui s'accumulent vertigineusement au hasard des souvenirs et des associations. Les femmes, fougueusement aimées, vite abandonnées ou perdues, jalonnent sa route : Keiko, Manit, Lil, qui ont le goût des pays traversés.
Méprisant, ou ignorant allègrement, les sites touristiques, les monuments ou les musées «à ne pas manquer», il rôde, flaire, l'œil alerte, prête l'oreille et nous dit ce monde tel qu'il l'a vécu, en voyageur affamé, toujours prêt à repartir plus loin.